Chibanis, les migrants oubliés

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Causes communes, n° 89, 2016-07, pp. 14-25

Découvrez l'édito du numéro de juillet 2016 de Causes communes : "Âgés ils sont, migrants ils restent"

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Causes communes, un autre regard sur les migrations, est la revue trimestrielle de La Cimade. 36 pages de reportages, d’interviews, de débats, de témoignages et de photographies pour s’informer autrement sur les migrations.

 

 l'édito de ce numéro :

« Âgés ils sont, migrants ils restent »

Tout est dit dans cette assertion du Comité pour la santé des exilés (Comede)… Le dossier de Cause communes rend hommage à une population immigrée oubliée et délaissée, loin des projecteurs médiatiques et politiques. Des hommes et femmes souvent reclus, vivant pour la plupart dans une précarité indigne après tant d’années données à la France et aux entreprises fleurons de l’économie française. Les chibanis – en arabe dialectal les anciens, littéralement les « cheveux blancs » – sont arrivés majoritairement entre 1970 et 1980. Aujourd’hui retraités, ils vivent de maigres revenus, 20 à 30 000 d’entre eux dans des foyers. Tous subissent le joug d’administrations suspicieuses et de contrôles discriminatoires dès lors qu’ils osent faire valoir ou réclamer des droits. Certains se battent pour y parvenir, d’autres renoncent, épuisés, écrasés par un système qui ne reconnaît pas en définitive leur légitimité à vieillir ici.

Beaucoup n’en sont pas à leur première désillusion et ont dû, tout au long de leur parcours de travailleurs immigrés en France, lutter et résister aux multiples
formes d’exploitation auxquelles ils ont été confrontés : remise en cause ou durcissement des conditions d’obtention ou de renouvellement de leurs titres de séjour, pratiques discriminatoires des employeurs en matière de droits des salariés, ou encore dégradation de leurs conditions de vie dans les foyers de résidence. Pour ne relater qu’un seul de ces exemples, la longue grève, qui a ainsi opposé de 1975 à 1980 les résidents à la direction des foyers Sonacotra pour protester contre l’augmentation des loyers (30 %), obtenir un assouplissement des contraintes de vie et dénoncer le régime de surveillance dont ils faisaient l’objet, a été l’une des luttes sociales les plus longues et les plus importantes des années 1970. Au plus fort de la mobilisation, 30 000 grévistes se sont mobilisés pour in fine arracher quelques concessions.

Après toutes ces luttes, ces humiliations, ces tranches de vie précarisées, ces travailleurs devenus chibanis ne semblent aspirer qu’à une chose : pouvoir vivre dignement et maintenir des relations avec le pays, la famille pour laquelle ils ont enduré tant de sacrifices. Des solutions existent et ont donné lieu à plusieurs rapports, concernant notamment un assouplissement des conditions de résidence principale pour accéder ou ne pas perdre un certain nombre de droits sociaux. Des arguments de coût sont régulièrement avancés pour justifier l’impossibilité de les mettre en place. Mais a t-on calculé ce que les chibanis avaient rapporté à l’économie française ?

Jean-Claude Mas, Secrétaire général de la Cimade

 

« Âgés ils sont, migrants ils restent »

Tout est dit dans cette assertion du Comité pour la santé des exilés (Comede)… Le dossier de Cause communes rend hommage à une population immigrée oubliée et délaissée, loin des projecteurs médiatiques et politiques. Des hommes et femmes souvent reclus, vivant pour la plupart dans une précarité indigne après tant d’années données à la France et aux entreprises fleurons de l’économie française. Les chibanis – en arabe dialectal les anciens, littéralement les « cheveux blancs » – sont arrivés majoritairement entre 1970 et 1980. Aujourd’hui retraités, ils vivent de maigres revenus, 20 à 30 000 d’entre eux dans des foyers. Tous subissent le joug d’administrations suspicieuses et de contrôles discriminatoires dès lors qu’ils osent faire valoir ou réclamer des droits. Certains se battent pour y parvenir, d’autres renoncent, épuisés, écrasés par un système qui ne reconnaît pas en définitive leur légitimité à vieillir ici.

Beaucoup n’en sont pas à leur première désillusion et ont dû, tout au long de leur parcours de travailleurs immigrés en France, lutter et résister aux multiples
formes d’exploitation auxquelles ils ont été confrontés : remise en cause ou durcissement des conditions d’obtention ou de renouvellement de leurs titres de séjour, pratiques discriminatoires des employeurs en matière de droits des salariés, ou encore dégradation de leurs conditions de vie dans les foyers de résidence. Pour ne relater qu’un seul de ces exemples, la longue grève, qui a ainsi opposé de 1975 à 1980 les résidents à la direction des foyers Sonacotra pour protester contre l’augmentation des loyers (30 %), obtenir un assouplissement des contraintes de vie et dénoncer le régime de surveillance dont ils faisaient l’objet, a été l’une des luttes sociales les plus longues et les plus importantes des années 1970. Au plus fort de la mobilisation, 30 000 grévistes se sont mobilisés pour in fine arracher quelques concessions.

Après toutes ces luttes, ces humiliations, ces tranches de vie précarisées, ces travailleurs devenus chibanis ne semblent aspirer qu’à une chose : pouvoir vivre dignement et maintenir des relations avec le pays, la famille pour laquelle ils ont enduré tant de sacrifices. Des solutions existent et ont donné lieu à plusieurs rapports, concernant notamment un assouplissement des conditions de résidence principale pour accéder ou ne pas perdre un certain nombre de droits sociaux. Des arguments de coût sont régulièrement avancés pour justifier l’impossibilité de les mettre en place. Mais a t-on calculé ce que les chibanis avaient rapporté à l’économie française ?

Jean-Claude Mas, Secrétaire général de la Cimade

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« Âgés ils sont, migrants ils restent »

Tout est dit dans cette assertion du Comité pour la santé des exilés (Comede)… Le dossier de Cause communes rend hommage à une population immigrée oubliée et délaissée, loin des projecteurs médiatiques et politiques. Des hommes et femmes souvent reclus, vivant pour la plupart dans une précarité indigne après tant d’années données à la France et aux entreprises fleurons de l’économie française. Les chibanis – en arabe dialectal les anciens, littéralement les « cheveux blancs » – sont arrivés majoritairement entre 1970 et 1980. Aujourd’hui retraités, ils vivent de maigres revenus, 20 à 30 000 d’entre eux dans des foyers. Tous subissent le joug d’administrations suspicieuses et de contrôles discriminatoires dès lors qu’ils osent faire valoir ou réclamer des droits. Certains se battent pour y parvenir, d’autres renoncent, épuisés, écrasés par un système qui ne reconnaît pas en définitive leur légitimité à vieillir ici.

Beaucoup n’en sont pas à leur première désillusion et ont dû, tout au long de leur parcours de travailleurs immigrés en France, lutter et résister aux multiples
formes d’exploitation auxquelles ils ont été confrontés : remise en cause ou durcissement des conditions d’obtention ou de renouvellement de leurs titres de séjour, pratiques discriminatoires des employeurs en matière de droits des salariés, ou encore dégradation de leurs conditions de vie dans les foyers de résidence. Pour ne relater qu’un seul de ces exemples, la longue grève, qui a ainsi opposé de 1975 à 1980 les résidents à la direction des foyers Sonacotra pour protester contre l’augmentation des loyers (30 %), obtenir un assouplissement des contraintes de vie et dénoncer le régime de surveillance dont ils faisaient l’objet, a été l’une des luttes sociales les plus longues et les plus importantes des années 1970. Au plus fort de la mobilisation, 30 000 grévistes se sont mobilisés pour in fine arracher quelques concessions.

Après toutes ces luttes, ces humiliations, ces tranches de vie précarisées, ces travailleurs devenus chibanis ne semblent aspirer qu’à une chose : pouvoir vivre dignement et maintenir des relations avec le pays, la famille pour laquelle ils ont enduré tant de sacrifices. Des solutions existent et ont donné lieu à plusieurs rapports, concernant notamment un assouplissement des conditions de résidence principale pour accéder ou ne pas perdre un certain nombre de droits sociaux. Des arguments de coût sont régulièrement avancés pour justifier l’impossibilité de les mettre en place. Mais a t-on calculé ce que les chibanis avaient rapporté à l’économie française ?

Jean-Claude Mas, Secrétaire général de la Cimade

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